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Tendre Arsenic...
18 septembre 2012

Il y a 6 ans

Il y a 6 ans, j'étais dans le même état. Il y a la chute de tension quand tu te lève, le voile qui vient devant les yeux, et la pièce qui danse. Il y a ce manque constant de forces et d'énergie. Comme si ta substance même fuyait ton être de toutes ses forces. Il y a ces insomnies , Morphée qui te fuit. Et les heures noires qui virent au trop blanc, et qui s'égrennent tandis que tu gardes les yeux ouverts. Il ya ce ciel  si bleu, que tu ne vois qu'à travers la vitre, le jeu des rayons sur les rideaux, les mêmes. 

Il y a des angoisses folles en plus, l'ordre de se ménager. Et les vertiges, les douleurs quand tu vas trop loin. Les médicaments que tu prends comme des bonbons, la peur à chaque bouchée defaire une bétise, celle de grossir...

Il y a le passage aux urgences. Autre hôpital. Tout le monde est gentil et souriant. Les examens qui se succèdent. Et ces salles à attendre... Les prises de sang, les malaises, les veines  qui éclatent. Seule sortie autorisée. 

Retour en cage après. Lire des milliers de pages pour occuper le temps, écrire un peu. Renouer avec l'encre. Attendre que le tééphone sonne, en vain. Des heures passées devant les écrans de la télévision et de l'ordinateur. Ecouter de la musique. Boire les paroles. Aspirer ces vies, ces souffles, ces notes. Se consumer parfois devant quelque convulsive beauté. Lire les statuts des gens dehors, regarder les photos. Tenter de se raccrocher à la marche d'un monde du fond de ce cloître. Se mettre aux langues mortes. Avoir l'impression d'en être une, qui a le tord de respirer encore. Faire faux bond, être une lacheuse. Non, ne pas pouvoir faire un trajet de deux cent kilomètres , quelque soit le moyen de transport. 

Guetter les signes de l'intérieur. Ces météores qui dans six mois boulverseront tout. Savoir que sa vie va imploser quelque part entre février et mars. Attendues les météores. Mais redoutées aussi. Il parait qu'il ya un instinct. Peut être. il y a des forces qui jouent en soi, des combats qui se livrent. Comprendre peut être mieux que jamais, celles qui disent non. Les souvenirs de cette dépossession du corps qui t' étouffent. Survivre une fois encore à  l'horreur de rien maitriser. Et ce corps qui flanche. Le cerveau qui reste, veilleur dérisoire. Il parait qu'il y a un instinct. Il y a surtout ces sentiments à vous broyer, contradictoires. Comment font elles toutes celles pour qui c'est simple? Qui sont prêtes à tout sacrifier sans même se poser une question? Celles pour qui c'est une évidence, quelque chose de profond , qui vient de la nature même. Qui rigolent quand on leur dit non, pas pour moi. Celles qui pensent que tu t'illusionnes petite fille du vent, et que ça viendra. C'est biologique. Et toi , tu restes les bras ballants, pauvre Antigone, sans trouver les mots pour exprimer ce que tu ressens. A qui pourrais tu parler de tes doutes? On te répondra que tu verras dans six mois. Mais toi tu sais que l'arrivée des météores ne changera rien. Tu as honte à l'avance de toutes tes défaillances, de ce besoin de liberté, de cette première fuite, de la saveur inégalable que prendra alors ta solitude. Ces moments loin d'eux, où tu retrouveras  une partie de toi, aussi nécessaire que l'autre. Quitter l'amour qui est aussi parfois une chaîne, un poids pour retrouver ces amitiés qui te sont autant vitales, et cette solitude qu'aujourd'hui tu vis mal, mais qu'alors tu attendras comme Noël. 

Il y a l'étoile et les météores, et toi en femme indigne qui sait que les liens mettent du temps, que les dialogues ne se créent pas dès le premier regard, le premier instant. En tout cas pas avec toi. t'es pas assez apprivoisée. Même pour eux. Et de ça tu t'en veux à chaque seconde depuis six ans. Encore un moule dans lequel tu ne rentreras pas. Tu ne seras jamais de celles qu'on admire. Et tu attends le requisitoire impitoyable de l'adolescence. Mais avec qui parler de ça? Finalement cela n'intéresse personne. Pour le moment tu n'es que la gemellaire. Réduite à ça pour tous ceux qui te croisent. Enfermée entre tes quatre murs. Attendre l'explosion. Et espérer ne pas trop décevoir, ne pas trop se perdre, ne pas trop perdre. Espérer avoir un avenir à soi encore, et ne pas devenir un simple prolongement des corps célestes qui t'entoureront. Espérer qu'elles auront encore une place pour toi, que le fossé ne va pas s'élargir encore. 

 

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