Bleu prussique

Le jour où je fus danseuse, ce jour unique, il y avait du bleu partout. C'était le thème des tables. Les nuances infinies du ciel et de la mer. Ces noms, c'était mes seules empreintes. Pour le reste, la journée je l'ai abandonnée à d'autres.Trop occupée à sculpter mes os. Bleu de Chine, bleu outremer, bleu marine. Bleu prussique.

Voir toujours les gens comme une palette de couleurs. Tous. Avoir ses préférées. Celles qui heurtent au départ. Le rouge et le noir. Et les subtils dégradés du gris. Mais par dessus tout il y a le bleu. Jusqu'au poison. Acide prussique.

Ce bleu là, qui s'infiltre dans les veines, qui dévitalise doucement, et qui vous ramène aux cieux de l'enfance, ces étés d'avant six ans en Corse.

Il ya la douleur de certains jours, où chaque heure qui passe vous apporte un nouveau coup, un nouveau bleu, vous tabasse. Ca fait longtemps que vous avez touché terre. mais l'adversaire s'en fiche. Ca ragotte dans les couloirs, ça s'ennuie. Du coup ça casse. Parce que ça ne sait rien faire d'autre qu'envier. Ca a raté sa vie. Mais pas plus que d'autres en fait. Ca se plait à taper sur le plus faible, toujours. Le croiser donne envie de vomir.

C'est un jour comme ça qu'en général tout fait défaut. Quand ça s'accroche à vous. Jour de Prusse. Il ya d'autres petites baffes qui tombent.

Tenir, jusqu'au jour d'après.