Océan

Un vent  chaud, terrible. Ici, normalement il vient de l'océan tout proche. Mais celui là, il sentait la flamme. Il vous enveloppait comme des braises. Un vent des terres. Tu cherches l'ombre. Mais ce vent là il fait entrer le soleil partout. Incendiaire. 

  Le feu s'est déclaré en fin d'après midi.

Cette nuit, c'est la pluie qui viendra. Depuis quelques jours le temps change. L'océan reprend ses droits. Mare Nostrum. 

En pleine ville, au milieu du bitume sentir ces variations là, qui nous dépassent. Ces infimes mouvements de l'ether, cachés derrière les clim et les lunettes de soleil. Ces forces en sommeil, qui nous font croire qu'on les maitrisent. Faux semblants. 

Hier, elle est venue. A l'heure la plus chaude dans nos batiments fournaise.Pour sa thèse. Je savais qu'elle n'était pas une étudiante jeune. Voix adulte. le choc ce fut le corps. Livrée à cette maladie là, à cinquante ans. Je ne pense pas qu'elle pesait quarante kilos. Passionnée par son sujet. Fatiguée un peu. Je lui ai faite ses photocopies alors que c'est interdit. Très vite nous nous sommes retrouvées seules. Les autres sont rentrés chez eux, les uns après les autres. Elle n'en finissait plus de parler de cette thèse. Je lui donnais les pistes de recherche que je pouvais, pauvre non spécialiste, pitoyable. Puis je l'ai raccompagnée.

Ce matin c'était la queue devant mon bureau. Tous ceux qui l'avaient croisée me donnaient leur diagnostic. Et vlan, conversation de café du commerce.  Les renvoyer poliment, les dents serrées. 

Vent du désert. Anorexie.