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Tendre Arsenic...
18 juin 2012

L'ombre

Etre en deuil. Une morte il y a huit ans. Une vraie déchirure. De ces coups si fort qu'ils vous laissent en place, debout, comme si de rien n'était. Sauf que l'intérieur est vide. rongé. Etre un arbre creux depuis ce temps là, qui n'en finit pas de résonner. Et puis il y a eu le coup des tartines de miel. Comme une claque la perte qui vous rattrape, comme ça un matin. Et  soudain, des années après on se fige. C'est traître une tartine de beurre et de miel, sur toile cirée rouge cerise. 

Pas de larmes. Pour les vrais coups elles ne tombent jamais. Elles dévorent seulement l'intérieur. Le dernier mort pour lequel j'ai pleuré? La dernière fois que j'ai versé des larmes c'était à une kermesse d'enfants. Sans raison le maquillage qui coule au milieu des rires. Parfois devant la beauté du ciel. Mais devant la mort jamais. Ne pas faire ce plaisir là.Tenir, dents serrées. Pleurer pour l'accessoire, jamais pour l'essentiel.  Quand elle frappe, dissociation classique. L'arbre creux tient bon, et met quelques années comprendre le trou qu'il a en pleine poitrine. 

Deuils à retardement, comme des bombes, qui explosent sans prévenir des années après. J'en ai un sac encore bien plein. Alors rire de toutes ses forces. Et regarder les pages qui restent blanches, seul témoignage des comptes à rebours entamés. En attendant alternance de rires et d'entailles. 

Et puis la douleur qui commence à élancer, tendrement, doucement. Des années après il n'y a plus personne. Juste soi et le vide. Jouer avec la souffrance, danser avec. Solitude des sentiments. Comme un moment à soi. Pas sûr que l'on résiste. Mais goûter chaque instant, chacune de ces non larmes. Lui parler doucement dans les nuits blanches. Poursuivre ce lien là.  Par instant en devenir folle. A se taper la tête contre les murs. Mais dans cette conversation là, entre elle et moi, personne ne viendra nous interrompre.Elle n'est qu'à nous. 

Et alors ce cerveau qui déraille depuis l'absence, se remet par instant à fonctionner. Et les pages blanches  se noircissent. Les mots coulent, se répandent,s'écoulent, eux gardés si longtemps sous la cendre. Et les braises qui rougeoient. Des années après retrouver la flamme. Se vider de son sang sur des pages. Valser avec la Mort quelques heures. Recevoir ainsi son héritage. cette guérison là, inespérée. Retrouver assez de sang dans ses veines pour écrire, tout au fond du mal. 

Redevenir enfant.Goût de miel. 

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